« Des mots, des mots, des mots. »

(Hamlet, 2.2)

| Dans ce numéro inaugural :

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Contemplation dans / sur l’isolement

| Réflexions du bureau (de télétravail) de la DA

Je réfléchis beaucoup à Shakespeare et à la peste. 

Tout récit historique du théâtre élisabéthain ou de la vie de Shakespeare mentionnera que les théâtres ont été fermés à plusieurs reprises en raison des épidémies de la redoutable peste bubonique. À un moment donné, il a été décrété que chaque fois que le nombre de décès liés à la peste dépassait 30 par semaine, les théâtres seraient fermés. Selon le livre de William Baker, William Shakespeare, les théâtres ont été fermés pendant 78 mois au total entre 1603 et 1613. C’est l’équivalent de six ans et demi. J’ai déjà lu des articles sur ces cas et pensé à leur effet probable sur les pièces de Shakespeare et son expérience du monde. Mais je ne pense pas avoir vraiment compris jusqu’à présent l’impact que cette peste a pu avoir. Parce que bien sûr, je n’avais (comme la plupart d’entre nous) jamais rien vécu de tel jusqu’à présent. Donc, oui. Ça me fait réfléchir.

Et étant donné que nous avons dû annuler notre tournée d’été bien-aimée, qui normalement occuperait une grande partie de mes capacités cérébrales, sans parler du fait que nous avons dû reporter notre coproduction de la première mondiale de la pièce Thy Woman’s Weeds d’Erin Shields, j’ai plus de temps pour réfléchir maintenant. 

C’est un sentiment étrange.

Bon, plusieurs ont déjà souligné que ces périodes de peste ont été génératrices pour Will – les fermetures au début de sa carrière l’ont poussé à se tourner vers la poésie (comme avec Vénus et Adonis et Le viol de Lucrèce) alors que, plus célèbre encore, la peste de 1606 lui a peut-être donné juste le temps d’écrire qu’il lui fallait pour composer Le Roi Lear.  Ce fait a été mis à profit plus d’une fois pour nous inciter à cesser de bouder et à nous mettre au travail sur nos propres chefs-d’œuvre. Après tout, si Shakespeare a écrit Le Roi Lear au cours d’une horrible peste dans un Londres ravagé par la maladie (où ils n’avaient même pas de papier toilette à stocker), quelle est mon excuse ? 

Mais je ne suis pas sûre qu’il soit utile de nous faire honte en pensant que nous devrions être infailliblement productifs en ces temps sans précédent. Sans doute même Shakespeare a-t-il passé au moins une partie de son temps en quarantaine à se sentir un peu paniqué. Ou bien isolé. Ou bien effrayé. Ou soulagé de ne pas avoir à suivre le rythme épuisant de la production de hits. Comme l’affirme Macduff dans la pièce écossaise, après que le jeune Malcolm lui ait dit d’accepter la mort de sa famille et de la gérer comme un homme : « Je le ferai ; mais je dois aussi le ressentir comme un homme. » 

Chez Repercussion, nous ressentons vraiment tous cette situation (avec nos collègues à travers la ville, la province, le pays, le monde). Nous ressentons un sentiment de perte, de déception, de frustration et de peur, et, il faut l’admettre, un certain soulagement de ne pas avoir à essayer de coordonner une tournée de théâtre pendant une pandémie (du moins, pas maintenant). Mais nous essayons également de rechercher les étincelles d’inspiration inattendues qui peuvent émerger de cette expérience unique. Nous savons que nous devons utiliser ce temps pour réfléchir et nous régénérer, pour être conscientes et déterminées dans ce que nous faisons et comment nous le faisons, pour nous assurer que nous sommes prêtes à en sortir (éventuellement) plus fortes que jamais.

Alors, nous avons peut-être un peu plus de temps pour réfléchir, mais il y a encore beaucoup à faire. Nous travaillons sur de nouvelles pièces avec des dramaturges passionnants (dont nous vous parlerons dans les semaines à venir) ; nous prévoyons de réparer et de rafraîchir notre matériel de tournée bien usé ; nous espérons mettre à jour nos manuels, remanier notre site web et trouver toutes sortes de moyens innovants pour vous inspirer et vous ravir. Et bien que je ne puisse pas promettre que nous finirons par écrire Le Roi Lear d’ici la fin de cette épreuve, je peux vous garantir que nous ferons de notre mieux pour ne pas gâcher ce moment extraordinaire.

« Où est votre texte ? »

(Le Soir des Rois, 5.1)

| Présentation de la nouvelle apparence du Folio

En mai, le Théâtre Répercussion lance un nouveau format de bulletin d’information mensuel pour garder un contact plus proche avec vous, nos chers spectateurs et mécènes. Alors, pourquoi Le Duodecimo ? La réponse courte : nous sommes des nerds littéraires. Plus sérieusement, ce redémarrage vise à fournir des paquets d’informations plus concis et plus accessibles.

Un peu d’histoire : notre lettre d’information portait jusque là le nom de « Le Folio », d’après la première édition des ouvrages collectifs du Barde, dont le caractère officiel est toujours débattu. Pour ceux qui ne le sauraient pas, cette collection tire à son tour son nom des dimensions physiques de son impression initiale – une seule feuille avec un seul pli. Mais il s’agit de grandes feuilles, avec un pli unique qui donne encore des pages de plus de trente centimètres de haut – ce qui en fait une pièce impressionnante sur un pupitre, mais un peu encombrante.

Les imprimeurs ont donc utilisé, et utilisent, une gamme de formats de page, tous obtenus, à l’origine, par le pliage et la découpe méticuleux de feuilles individuelles. Ces plis et réorientations vont du folio ostentatoire au quarto et à l’octavo, plus faciles à manipuler (et plus courants), en passant (comme ceux d’entre vous qui sont doués en mathématiques pourraient le prédire) par le duodécimo (1) . Ce dernier est une feuille pliée pour obtenir douze pages, et des pages d’ailleurs bien dimensionnées. Si le folio est un véritable tome, lourd et massif, comme il convient à une œuvre de poète, alors le duodécimo est à peu près analogue à un livre de poche commercial moderne (2), économique dans son utilisation du papier et de l’encre, et suffisamment compact pour être transporté avec soi.

Et c’est là, comme on dit, que se trouve le nœud du problème : plutôt que de produire un bulletin d’information plus volumineux et plus expansif deux fois par an, nous passons à quelque chose de plus compact, plus accessible (3), et nous le diffusons selon les règles du douze. (Tout comme le duodécimo qui se mesure en douzièmes de feuillets, notre Duodécimo sera diffusé tous les mois, et sera publié le douzième de chaque mois). De plus, comme les éditions anciennes du duodécimo auraient pu demander aux lecteurs de rogner leurs propres exemplaires, et de découper les pages le long des plis de la feuille, le Duodécimo de Repercussion demandera aux lecteurs de jouer un rôle un peu plus participatif, avec des introductions simplifiées et droit au but, et un contenu entièrement accessible en suivant des liens intégrés.

Nous espérons que ce nouveau format nous permettra de garder un meilleur contact avec notre lectorat, et notre public, et de contribuer à un sentiment de communauté significatif – n’hésitez pas à nous faire part de vos réflexions sur ce changement, et bonne lecture !

Notes

(1) Cela continue ainsi – nous pouvons plier et couper jusqu’à obtenir le sexagesimo-quarto, un diminutif magnifiquement nommé.

(2) Le langage de l’imprimerie et de l’édition nous a également fourni une foule de termes techniques riches et charmants, dont un bon nombre sont entrés dans l’usage populaire (pensons “portfolio”/”portefeuille”…)

(3) (A l’exception potentielle de cet article.)

Une chasse au trésor à la shakespearienne

| Le défi ludo-bardique de Chris

Les œuvres de Shakespeare sont pleines à craquer d’images, de métaphores et de langage évocateur, mais elles fournissent également des indices sur les costumes et les accessoires du théâtre des débuts de l’ère moderne. Voici quelques lignes sélectionnées, qui, par des moyens imagés ou littéraux, mentionnent… des choses !

Faites un tour rapide de vos espaces, mettez votre famille et vos amis au défi (à distance, bien sûr) de voir qui peut trouver les objets suivants ! Pour une touche plus compétitive, imposez une limite de temps, ou élisez un arbitre et attribuez des points en fonction de « l’authenticité de l’époque » et de « la créativité de l’interprétation » !

◊ “Elle a vanté mes bas jaunes tout récemment, elle m’a loué d’avoir des jarretières croisées ;“
(Le Soir des Rois, 2.5)

◊ “Avec ce feuillage elle avait fait une fantasque guirlande, — de renoncules, d’orties, de marguerites et de ces longues fleurs pourpres,”
(Hamlet, 4.7)

◊ “— l’œil sévère, la barbe solennellement taillée, — plein de sages dictons et de banales maximes,”
(Comme il vous plaira, 2.7)

◊ “Mais moi, j’ai à te donner plus encore. — Je veux dresser une statue de ta fille en or pur. ”
(Romeo et Juliette, 5.3)

◊ “— je te donnerai des fées pour te servir ; — et elles t’iront chercher des joyaux au fond de l’abîme, — et elles chanteront, tandis que tu dormiras sur les fleurs pressées.”
(Le Songe d’une nuit d’été, 3.1)

◊ “Il a des rubans de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ; des points plus minutieux que n’en pourrait trouver dans le droit tous les juges de Bohême,”
(Le Conte d’hiver, 4.4)

Pouvez-vous rassembler les six objets ? Partagez vos lignes préférées, ainsi que vos trouvailles correspondantes, avec nous via Facebook, Instagram et Twitter ! #ShakespeareStuff

« — le plaisir et l’action font paraître courtes les heures. »

(Othello2.3)

Les liens sympas de Linnéa

Un drame sur la dramaturgie, les délices italiens et les boissons branchées – consultez un trio de recommandations sur ce que vous pouvez regarder, manger et boire en ces temps intéressants.

◊ Visionner: Découvrez Slings & Arrows, une série télévisée du début des années 2000 sur le monde intérieur d’une compagnie de théâtre shakespearienne dans une ville canadienne fictive. Diffusion gratuite sur CBC Gem. (VOA)

◊ Manger : les amateurs de cuisine italienne peuvent faire chez eux les recettes du restaurant montréalais Elena. Ce mini livre de cuisine téléchargeable présente quelques-unes des recettes les plus appréciées d’Elena. La totalité des revenus sera versée au Fonds de secours aux travailleurs de restauration de Montréal, une initiative qui soutient les travailleurs qui ont été touchés par la crise du COVID-19.

◊ Boire : Vous cherchez de l’inspiration pour un 5 à 7 ? Essayez ces cocktails faciles à trois ingrédients de la série « How to Drink » sur YouTube.